On a bien bu en octobre hein, avec les tatoués et pis au Dr Alexis Rock, c’était le 7e , P… !
« J’avais un ami, mais il est parti », comme gueulait l’autre dans le Téléphone. Parfois je me souviens et ça fait un gros trou, alors on boit pour le combler un peu, avec moins de désespoir que lui tout de même et je peux me retrouver assez vite "perfectamente borracho" comme dirait ce cher Consul, là-bas Sous le volcan. Je ne sais pas s’il avait lu ce livre, s’il l’aurait aimé, probablement oui par identification avec le Consul ou plutôt avec Hugh l’idéaliste. Il aimait particulièrement les flibustiers modernes et bras cassés de Tortilla Flat, magie de la littérature steinbeckienne transformant des ivrognes en chevaliers de la Table Ronde du XXe siècle. Mais je lui opposais que le plus beau personnage de Steinbeck était quand même le prêcheur qui aimait trop les femmes et finit leader syndical des Raisins de la colère. Nos discussions littéraires éthyliques ne devaient pas voler bien haut mais elles étaient animées d’une foi certaine, en quoi, je l’ignore. Quand j’ouvre une bouteille, je tache de me souvenir d’en verser les premières gouttes au sol, selon la tradition malgache, pour ceux qui sont partis, une coutume qu’il affectionnait particulièrement. A la tienne vieux frère, où que tu sois. « Il » est un con. Merde. Chié. Bordel. Grmmbbll.
« Quelle beauté peut se comparer à celle d’une cantina dans le petit matin ? Tes volcans là dehors ? Tes étoiles – Ras Algheti ? Antares flamboyant Sud Sud-Est ? Pardon, non. Pas tant la beauté de cette cantina forcément qui, je dois l’admettre, n’en est peut-être pas une à proprement parler, mais songe à toutes ces terribles autres où les gens deviennent fous qui vont bientôt ouvrir leurs volets, car pas même les portes du ciel s’écartant toutes grandes pour m’accueillir, ne sauraient m’emplir d’une telle joie céleste désespérée et torturée que le rideau de fer levé à grand fracas, que ces persiennes ouvertes pour admettre ceux dont l’âme tremble des alcools qu’ils portent d’une main incertaine à leurs lèvres. Tout mystère, tout espoir, toute déception, oui, tout désastre est là, derrière ces portes battantes. Et à propos, vois-tu cette vieille de Tarasco assise dans le coin, […] comment, à moins de boire comme moi, peux-tu espérer saisir la beauté d’une vieille de Tarasco qui joue aux dominos à sept heures du matin ? »
Malcolm Lowry, Sous le volcan
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